Vous avez dit continuité pédagogique ?

On ne va pas se mentir : tout le monde a été plus que perturbé par l’arrêt brutal des cours à l’ENSGTI. Les élèves d’abord qui ont dû choisir très vite (quand ils avaient le choix), l’endroit où ils se confinaient, trouver des moyens de connexions, apprendre à se servir d’outils qu’ils n’utilisaient pas forcément. Les personnels techniques et administratifs qui se sont retrouvés chez eux avec une (très) petite partie des outils qu’ils utilisaient habituellement. Et puis les enseignants qui, pour la plupart, n’avaient aucune expérience d’enseignement à distance.

Face à cela, il a fallu « assurer », s’installer ou se faire installer les outils de travail nécessaires des VPN pour les uns, des logiciels pour les autres. S’abonner à des plateformes de vidéoconférences, acquérir un nouvel ordinateur, augmenter son forfait internet, etc.

Dans cette période, heureux sont les enseignants qui n’avaient plus d’enseignements. Pour les autres, il a fallu s’y mettre ; et nous nous y sommes mis ! A force de tutos et de coups de fil à des collègues (un peu) plus expérimentés, nous avons utilisé e-learn, fait des documents commentés pour les uns, des capsules vidéo pour les autres, des cours en direct sur Zoom, YouTube, Jitsi, Discord et j’en passe ; des cours inversés aussi. Résultats ?

  • 100% des enseignants permanents ont utilisé des techniques d’enseignement à distance
  • 89% des élèves de 1ère et de 2ème année ont eu des cours à distance en direct
  • 93% ont suivi des cours ou des TD où des ressources vidéo ou audio étaient mises à leur disposition
  • Et 100% ont été évalué à distance

Alors, si on voit le côté obscur de la période, il faut dire que cela a été vraiment dur pour certains élèves, isolés pour les uns, disposant de ressources informatiques inadaptées à cet enseignement pour les autres, mal à l’aise dans ces modalités d’enseignement pour les derniers et cumulant tout cela pour certains. Pour les enseignants, l’expérience a été pour le moins chronophage : il a fallu revoir d’un coup tous les supports utilisés tout en s’appropriant de nouveaux outils et sans savoir ce qui était le plus efficace. Ainsi, si 55% des élèves préfèrent un procédé synchrone pour l’enseignement à distance, 28% préfèrent un cours asynchrone qui leur laisse plus de liberté d’organisation alors que 17% ne font pas de choix. Et dans les procédés asynchrones, ils sont presque aussi nombreux à préférer un enseignement filmé (26%) que des capsules vidéo pour commenter les parties sensibles d’un enseignement (30%) ou un cours commenté (34%). Il y en a même 10% pour qui les documents écrits sont suffisants. Et puis, il y a eu le casse-tête de l’évaluation à distance. Si certains ont pris le temps de remplacer l’évaluation classique par un projet 25%), beaucoup ont utilisé les QCM de la plateforme e-learn (60%). Et là a commencé la difficulté : comment évaluer les compétences principales en évitant la triche. Au final, 1/3 des élèves avouent avoir triché, notamment en échangeant avec des camarades…

Si on veut être un peu plus positif, on retiendra que cela nous a obligé à nous mettre à des techniques que nous savions utiles mais pour lesquelles nous ne trouvions jamais le temps : concevoir des QCM pour aider l’assimilation des enseignements ; mettre à disposition des corrigés de TD un peu plus scénarisé. Offrir des ressources à ceux qui ne peuvent assister à une (ou plusieurs) séances d’enseignement. Pour l’avenir, des possibilités s’ouvrent que nous n’imaginions pas forcément : comment faire cours à un élève malade ? Enseigner à des étudiants qui sont à l’étranger, en entreprise pour une période d’apprentissage ? Mettre à disposition des pré-requis pour ceux qui en ont besoin ? Faire face à une indisponibilité de locaux ? Bref, il faut le dire, la période aura, par certains côtés, été motivante. Même pour une partie des élèves qui aura pu opter pour un rythme de travail qui lui convenait mieux.

Mais n’oublions pas : si le pessimiste voit le verre à moitié vide, l’optimiste le verre à moitié plein, l’ingénieur voit avant tout que l’on a utilisé un verre deux fois trop grand pour le liquide qu’il contient !

 

×
Aller au contenu principal